Graines de conteurs : spectacle final !

(actualisé le )

Pour clore la deuxième saison de Graines de conteurs au collège Gay Lussac, le vendredi 24 mai, les élèves ont présenté leur création : Le marchand de sommeil. Ce texte a été écrit par les 6e1 en atelier d’écriture mené par Penda DIOUF et il a été mis en voix de manière chorale par les 6e5 aidés du comédien Marc SORIANO.

Le marchand de sable et son frère.

Écrit par les élèves du Collège Gay-Lussac à Colombes
Graines de conteurs saison 2 (2018-2019)

Distribution
Le conteur
Le père
Marvin
Linda
Le marchand de sable
Le marchand de cauchemars
Le conteur

Il était une fois… L’heure de se lever…
Hé ! Hé ! Il est sept heures. L’heure de se lever. 
Il est sept heures 10. L’heure de se lever.
Il est sept heures 15. L’heure de se lever.
Il est sept heures 20…
Le père
Tu exagères, tu vas être en retard !
Marvin
C’est mon père. Il s’exaspère…
Le père
Tu n’es pas encore levé ? Il y a école aujourd’hui.
Mais comment tu fais pour être en retard chaque matin…
Dépêche-toi ! Je t’ai préparé ton petit déjeuner.
Ton chocolat est chaud
tes céréales sur la table
la confiture sur tes tartines
ton jus d’orange pressé…
Va vite prendre ta douche.
Le temps que tu sortes,
je serai déjà parti
Mais on se voit ce soir,
Je t’aiderai à faire tes devoirs.
Marvin
Alors je me lève lentement
La tête pleine de moutons,
de rêves et de cauchemars
Pleine de sable et de désert
Pleine de lune
Je sors mes bras de sous la couette…
Ah ! il fait froid.
J’hésite,… Je sors un pied, puis l’autre. 
Je m’étire, une dernière fois
Avant de m’élancer dans la salle de bains.
Ah ! je glisse. Aïe !je me cogne.
Le conteur
Le compte à rebours,
comme chaque matin,
a commencé.
Marvin
J’ai mes super pouvoirs
D’une main je me brosse les dents,
De l’autre je me peigne les cheveux.
D’une main, j’enfile mes vêtements
De l’autre je bois mon chocolat chaud.
D’une main je fais mes lacets,
De l’autre je m’élance dans l’escalier.
Je cours, je m’envole.
J’ai comme des ailes
Pour sortir de l’immeuble,
Tourner à gauche,
Saluer Mme Mimoun
Qui promène son chien.
Courir, deux rues plus loin
Pour chercher mon amie Linda
Qui m’attend en bas de chez elle.
Linda
Ah, enfin, j’ai cru que tu n’arriverais jamais…
J’ai failli partir toute seule.
Marvin
Excuse moi !
Mon réveil a sonné… au moins dix fois
Sans que j’arrive à me lever.
Linda
On a une évaluation en maths et SVT en plus.
Marvin
Oh non, je n’ai pas révisé.
Linda
Il est trop tard. Je ne vais pas pouvoir t’aider.
Marvin
On va prendre des bonbons à la boulangerie pour la récré ?
Linda
Mais non, on est en retard… On ira ce soir, en rentrant.
Marvin
Allez suis moi on court !
On va passer par le raccourci !
Linda
Par le parc ?
Marvin
Oui !
Linda
Non, je n’aime pas passer par là !
Trop de coins sombres
Et d’ombres qui nous regardent…
On peut contourner et longer le mur du parc.
Le conteur
Attention les enfants ! Faites attention !
Marvin
Attention à la flaque d’eau Linda !
Le conteur
Mais c’est trop tard ! Elle a …
Marvin
Linda, Linda mais tu es où ?
Le conteur
Disparue, envolée
Volatilisée
Marvin
Je m’approche de la flaque,
Je n’y vois que mon reflet…
Inquiet
Je décide d’y mettre un pied, pour voir et…
Le conteur
Et il tombe,
Pendant des secondes
Des minutes
Des heures.
La chute semble interminable.
Marvin
Il ne manquait plus que ça
Je vais être en retard à l’école pour de bon…
Le conteur
Il atterrit dans une jungle
un peu secoué
tout étourdi,
si bien qu’il n’a pas la force de se relever.
Il fait sombre et humide.
Le sol est mouillé.
Il entend des bruits d’animaux : des hiboux, des loups, des tigres. 
Des singes l’approchent et lui font signe de suivre.
Ils se balancent de lianes en lianes,
Joueurs facétieux
Au loin il aperçoit
Un château, baigné par la lumière de la lune. 
Autour du château, une armée de fennecs.
Ils gardent le lieu, vigie immobile et bruyante.
Leurs cris résonnent comme un terrible avertissement.
Circulant entre les fennecs, leur caressant le dos
Comme des animaux de compagnie
Un homme porte des babouches et une djellaba.
Une djellaba bleue
Sombre comme la nuit.
A ses côtés, son fidèle âne
Portant des sacoches pleines de sable.
Marvin
Je le connais…
Je le reconnais
Je l’ai déjà vu quelque part
Dans le secret de mes nuits.
C’est le marchand de sable !
Le conteur
Il vient de très loin,
plus loin que l’océan,
de l’autre côté du désert.
Il marche, il marche,
Et saupoudre du sable,
Du rêve pour les enfants.
Marvin s’approche lentement.
Marvin
Hé ho ! T’es qui ?
Qu’est-ce que je fais là ?
Le marchand de sable
Ne t’approche pas trop, ce sont des sables mouvants. Tu es dans le pays des rêves.
Marvin se pince.
Marvin
Je suis bien réveillé pourtant. Mais elle est où Linda ?
Le marchand de sable
Linda ?
Marvin
Ma voisine, mon amie. Elle a marché dans la flaque d’eau elle aussi et a disparu…
Le marchand de sable
Je pense qu’elle est avec mon frère.
Marvin
Quel frère ?
Le marchand de sable
Mon frère, le marchand de cauchemars.
Marvin
Où est-ce que je peux le trouver ?
Le marchand de sable
Suis les traces qu’il y a au sol.
Marvin
Merci !
Le marchand de sable
Bon courage ! Méfie-toi de lui
Il est terrible.
Il paraît même qu’il mange les enfants.
Le conteur
Quand Linda est tombée dans la flaque d’eau,
Elle est tombée directement dans les bras du marchand de cauchemars.
Il est très grand, très mince,
comme un squelette.
Il porte un masque blanc
Et une combinaison rouge.
Comme il vient de très loin lui aussi,
Il a des chaussures dans un état…
Linda
Un sale état
Toutes rapiécées, pleines de trous.
Et qui puent…
Le conteur
Il a les yeux rouges
Car il ne dort pas beaucoup.
Il distribue les cauchemars.
Linda
Lâchez-moi ! Lâchez moi je vous dis !
Vous ne me faites pas peur !
Le conteur
Linda s’est retrouvée dans un vieux cachot,
 au milieu d’un château hanté.
La petite est futée,
Elle est habituée à regarder des séries
A lire des livres
Où le héros finit par trouver
A force de réflexion
Comment s’échapper.
Elle retire la barrette de ses cheveux
Et l’enfonce dans la serrure. 
Clac. Ca s’ouvre.
Linda fait doucement, doucement…
Pour ne pas éveiller les soupçons du marchand de cauchemars.
Et elle se met à courir, vite, vite
Comme elle n’a jamais couru.
Pendant ce temps…
Marvin
Linda ? Linda ? 
Linda où es-tu ?
Linda
Marvin, c’est toi ?
Marvin
Linda ?
Linda
Marvin, ne crie pas trop fort… Le marchand de cauchemars va savoir que je me suis sauvée sinon.
Comment on fait pour sortir d’ici ?
Marvin
On peut aller voir le marchand de sable et lui demander de nous réveiller. Ou se cacher dans les sacoches de sable de son âne pour rentrer à la maison.
Linda
Allons-y !
Le conteur
Ils continuent de marcher, sans se rendre compte que le marchand de cauchemars les suit à la trace.
Ils marchent, sans trop savoir où ils vont dans cette végétation touffue, dense. La lune les éclaire à peine. Ils entendent les bruits de la forêt, les cris des fennecs au loin.
Marvin
Linda, je ne retrouve plus le chemin. Tout se ressemble ici.
Linda
On va y arriver Marvin.
La voix du marchand de sable
Linda, Marvin, par ici !
Marvin
Viens c’est le marchand de sable. Il est gentil. Il vient nous aider.
Le conteur
Les enfants s’approchent en courant.
Linda
Mais cette odeur de pieds…
Marvin
Ces chaussures trouées…
Ce masque blanc
Ces yeux rouges
Le marchand de cauchemars
Vous pensiez m’échapper… Mais j’ai une ouïe très fine, des yeux rouges très perçants qui me permettent de voir dans le noir.
Le conteur
C’est à cet instant que le marchand de sable arrive, suivi de son âne et des fennecs.
Le marchand de sable
Tu vas les laisser tranquille, maintenant !
Le marchand de cauchemars
Et pourquoi donc ?
Le marchand de sable
Ils ne t’ont rien fait !
Le marchand de cauchemars
Déjà petit, tu aimais défendre les autres.
Le marchand de sable
Je ne t’ai pas toujours connu comme ça. Tu te souviens quand tu m’as sauvé la vie petit ? J’étais tombé dans le lac et tu m’as secouru.
Le marchand de cauchemars
Oui mais c’était toi le chouchou. Les parents ne jouaient jamais avec moi. Je me suis toujours débrouillé tout seul.
Le marchand de sable
J’étais trop petit pour m’en rendre compte. Je suis désolé.
Le marchand de cauchemars
Je te propose ceci : Je vais te poser 3 charades. Si tu réponds juste, je les libère et tu pourras les ramener chez eux. Si tu te trompes, ils restent avec moi.
Le marchand de sable
Je t’écoute.
Le marchand de cauchemars
Mon premier est un déterminant possessif
Mon second est la deuxième syllabe de table
Mon troisième est le contraire de dur
Mon quatrième est l’air qui bouge les feuilles
Mon tout, on peut s’enfoncer dedans.
Le marchand de sable
Les sables mouvants !
Linda et Marvin :
Bravo bravo !
Le marchand de cauchemars
J’ai commencé facile… Voilà la suite
Mon premier, on le lance pour tirer au sort,
Mon second est le 1er son du mot Zorro
Mon troisième on le respire. Il est parfois pollué.
Mon tout est un endroit remplir de scorpions où resteront mes deux prisonniers.
Le marchand de sable
Le désert !
Le marchand de cauchemars
Tu ne perds rien pour attendre !
Linda et Marvin
Bravo bravo !
Le marchand de cauchemars
Mon premier signifie le partage
Mon second est la première syllabe de cheval
Mon troisième est l’endroit où vivent les canards
Mon tout fait peur la nuit et même le jour
Le marchand de sable, Linda et Marvin en même temps
Les cauchemars !
Le conteur
Marvin et Linda rejoignent le marchand de sable. Avant de partir, Linda court vers le marchand de cauchemars pour lui donner son goûter. Il est très ému.
Marvin et Linda rentrent chez eux à dos d’âne avec le marchand de sable. Ils traversent le monde des saisons. Le printemps d’abord avec les singes qui sautent d’arbres en arbres. Puis l’été avec la mer et son rivage. Arrive l’automne avec une avalanche de feuilles qui crissent sous les pas. Puis l’hiver et ses flocons de neige.
Ils se réveillent chacun dans leur lit.
Hé ! Hé ! Il est sept heures. L’heure de se lever. 
Il est sept heures 10. L’heure de se lever.
Il est sept heures 15. L’heure de se lever.
Il est sept heures 20…
FIN