Rumeurs Urbaines c’est depuis 20 ans ; une...

Rumeurs Urbaines c’est depuis 20 ans ; une place, une rue, un champ ouvert sur le monde, plus de 300 artistes, les Egyptiens de Al Misaharaty nous annonçant les futures de Tahrir, une tente bédouine plantée square Victor Basch, le marché des conteurs le dimanche matin, les Mercis sous la pluie des habitants de la cité oubliée de la Redoute à Villeneuve-la-Garenne, un photographe belge qui capture des visages, un remue-méninges avec monsieur Louis-Jean Calvet himself, les mamies conteuses en perfecto dans un collège, le théâtre de l’Avant Seine recouvert de paille et au milieu la grande Catherine Zarcate, des gemmes voilées dans un square ravies de voir Carmen dansée par le collectif de filles LMNO, l’homme du désert, Hawad, poète et peintre nous livrant ses colères et ses Furigraphies, les premiers pas du poète James Noël maintenant grande figure de littérature haïtienne, les Québécois enflammant la scène, une nuit sans fin à chanter avec les conteurs de la Réunion, un percheron tirant sa charrette à travers la ville et dessus les sons d’une kora mêlés à la voix profonde de l’Enfant Kabar, une balade contée magiquement urbaine sur un bateau dans le port de Gennevilliers, une nuit du conte 890 spectateurs au compteur, les bénévoles qui épluchent des tonnes d’oignons, des larmes de joie, de la sueur, la chouette, les sourires des enfants, les rires des enfants devenus adolescents, les grands-parents qui dansent comme s’ils avaient toujours vingt ans …
Rachid Akbal, directeur artistique.

Le festival a vu le jour en 2000 avec La Semaine du Conte et de la Palabre, à l’initiative de la Compagnie Théâtrale Le Temps de Vivre. Créée pour faire rayonner le conte et les arts de la parole, elle se voulait une réponse au quotidien souvent anonyme et tourné sur lui-même en privilégiant l’échange et la proximité.
En 2004, le festival prend le nom de Rumeurs Urbaines pour affirmer son identité d’’ouverture géographique : centrées sur une région du monde, les « nouvelles » Rumeurs Urbaines proposent de découvrir l’autre et l’ailleurs comme un chambre d’écho à notre quotidien. Une thématique est choisie comme point de départ pour construire du lien entre l’’oralité d’une culture et ses présences en rumeurs dans nos villes. C’est ainsi que le festival, au nom de la diversité culturelle, a tendu vers une ouverture pluridisciplinaire (voix, musique et arts plastiques).
En 2011, l’édition « Made in France » marque la fin de l’exploration géographique et pluridisciplinaire du festival. Rumeurs Urbaines se concentre désormais à mettre en valeur la diversité de la scène francophone du conte, devenant un incontournable du réseau professionnel. Le festival accompagne de plus en plus les créations et les artistes. La dimension urbaine se cultive en privilégiant les spectacles insolites dans l’espace urbain (feuilletons à suivre de ville en ville, contes en bus et en tramway, happening et théâtre invisible en rue, visites décalées avec des guides en tout genre).
Le festival a fait le choix de mettre la création au centre de son engagement. Chaque année depuis 2009, nous invitons des artistes à produire des œuvres singulières pendant le festival. Avec le partenariat de plusieurs lieux et leurs équipes, avec le soutien de l’Etat et des collectivités territoriales, nous leur donnons la possibilité d’investir un territoire pour nourrir leur processus de création en mettant à leur disposition des lieux équipés.
Ils participent ainsi au maillage territorial et à la sensibilisation des publics grâce à un programme d’actions culturelles mis en place en direction des publics. Dans ces territoires fragiles de la République, dans ce vaste espace urbain qui est le nôtre, il est important, essentiel, que la création s’accomplisse. La création invite à la pensée, au plaisir, à la découverte, à l’émotion. La création fabrique des curieux, des spectateurs, des passionnés. Elle développe le sens critique, le regard sur l’autre, elle nous relie au monde. Oui, aujourd’hui et encore plus qu’hier, il est important d’accompagner des projets innovants, car créer c’est s’ouvrir des espaces de liberté.